Présidée par les îles Fidji, la conférence organisée en Allemagne au siège du secrétariat général des Nations unies sur le climat s’acheve comme elle a commencé : dans l’indifférence quasi générale. Moins médiatisée que les deux éditions précédentes, la COP23 entend poursuivre les objectifs de l’accord de Paris, en termes de lutte contre le réchauffement climatique. Pour mémoire, le dit accord prévoit de limiter à deux degrés le réchauffement de la planète par rapport au début de et l’ère industrielle.
Lors de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique à Bonn Frank Bainimarama, président de la COP23 et Premier ministre des îles Fidji, a appelé les gouvernements « à faire des progrès rapides dans la mise en œuvre de mesures en faveur du climat et de finaliser le règlement de l’Accord de Paris sur le changement climatique. »
Des ministres du monde entier et environ 25 chefs d’État et de gouvernement ont assisté à Bonn au segment de haut niveau de la conférence de l’ONU sur le climat.
Faisant allusion à la pirogue à voile fidjienne, ou « drua », exposée sur le site de la conférence climatique de Bonn, Frank Bainimarama s’est exprimé ainsi: «Nous sommes tous liés par cet intérêt commun que nous avons de réduire les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. C’est la mission de l’Humanité. [Cette drua est le] Symbole du voyage que nous devons tous faire ensemble. Il ne nous reste que quelques jours, alors gardons le cap. Parvenons à notre destination. »
C’est la première fois qu’un petit État insulaire en développement préside une conférence de l’ONU sur le changement climatique. Lui aussi originaire des Fidji, Timothy Naulusala, 12 ans, a été invité à Bonn dans le cadre du concours d’éloquence de la Semaine du climat.
À l’ouverture, il a fait un vibrant plaidoyer en faveur de l’action climatique. « La mer engloutit les villages, ronge les côtes, fait dépérir nos cultures. Elle déplace les habitants… qui pleurent la perte d’êtres chers, meurent de faim et de soif, c’est catastrophique, c’est triste… mais c’est la réalité. »
« Vous pensez peut-être que cela n’affectera que les petites nations … vous avez tort. »
La principale partie de l’ouverture du segment de haut niveau de Bonn a été conclue par le président allemand Frank-Walter Steinmeier. L’Allemagne, qui a fourni un soutien logistique et financier de poids à la COP23, est également l’hôte du Secrétariat de l’ONU Changements Climatiques.
« L’Accord de Paris n’aura été une véritable avancée que s’il est suivi d’actions concrètes. Un travail constructif et multilatéral sous l’égide de l’ONU est la seule voie à suivre », a estimé le président allemand.
Le rôle particulier de l’Allemagne a notamment été souligné par la présence de la chancelière allemande Angela Merkel qui a annoncé que son pays doublerait le montant du financement climatique octroyé aux pays en développement d’ici 2020.
Quant au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, il a félicité les Fidji d’avoir assuré la Présidence de la COP23 – une mission cruciale et hautement symbolique compte tenu des risques que les changements climatiques font peser sur tous les États insulaires. Il a rapporté que le mois dernier, lorsqu’il avait visité les îles exposées aux effets du réchauffement planétaire – Antigua-et-Barbuda ainsi que la Dominique – il avait été bouleversé par les dégâts causés par l’ouragan.
« La voix des petits États insulaires qui sont en première ligne du changement climatique doit être la voix de tous », a-t-il fait valoir.
« Les inondations, les incendies, les tempêtes extrêmes et la sécheresse augmentent en intensité et en fréquence. Les niveaux atmosphériques de dioxyde de carbone sont plus élevés qu’ils ne l’ont été depuis 800 000 ans.
Le dérèglement climatique est la menace majeure de notre temps. Notre devoir – les uns envers les autre et envers les générations futures – est de faire preuve d’encore plus d’ambition », a-t-il ajouté.
Le chef de l’ONU a appelé à plus d’ambition dans cinq domaines d’action spécifiques: les émissions, l’adaptation aux impacts inévitables du changement climatique, la finance, les partenariats et l’encadrement.
Au vu du dernier rapport sur l’écart des émissions du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, les engagements actuels ne fourniront qu’un tiers de ce qui est nécessaire pour rester dans les zones de sécurité de l’Accord de Paris et les scientifiques prévoient que 2017 connaîtra la première augmentation des émissions de CO2 en trois ans : l’heure n’est plus à la complaisance.
Plus optimiste, Antonio Guterres a par ailleurs souligné les bonnes nouvelles dans le monde de l’action climatique. Par exemple, les marchés du carbone se développent et fusionnent ; le marché des obligations vertes est en expansion et les émissions d’obligations vertes de cette année ont déjà dépassé le record de l’année dernière.
Il a également salué la nouvelle initiative menée par l’Allemagne de fournir une assurance contre les phénomènes météorologiques extrêmes à 400 millions de personnes vulnérables d’ici 2020, annoncée hier à Bonn, ainsi que le Programme d’action climatique mondial qui s’est amplifié lors de la COP23, impliquant régions, villes, entreprises, investisseurs et société civile.
Tout cela est encourageant pour les gouvernements qui sont en train de mettre en œuvre l’Accord de Paris sur le changement climatique.
À Bonn, le président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Miroslav Lajčák, a parlé de l’intérêt immense de la plupart des gouvernements de faire avancer l’action climatique.
Dommage que ce soit dans l’indifférence de la présidence Trump…
LC