Consacrer une journée aux rencontres de l’alimentation durable, la première du genre, une initiative pertinente, qui marque un bon début. A l’institut Pasteur à Paris, cette journée est organisée le 8 novembre par la Fondation Daniel et Nina Carasso. Un jour pour réunir à l’Institut Pasteur, innovateurs et décideurs, tous convaincus qu’une alimentation de qualité pour tous est accessible, dans le respect des limites planétaires.
Le contexte : un monde longtemps en proie à tous les excès, dans lequel les chefs d’Etats ou délégués de 195 nations sont actuellement en train de plancher sur l’avenir climatique à l’occasion de la COP22 à Marrakech (https://mybioactu.wordpress.com/2016/11/07/la-cop-22-pour-e…liquer-la-cop-21/). Globalement, quand on parle de sustainable developpment (développement durable), on ne peut se limiter à la menace du réchauffement climatique. Il faut aussi prendre en compte la menace qui pèse sur les ressources du sol nourricier. A l’échelle mondiale, dans les régions tempérées les sols sont surexploités par une agriculture intensive: la conséquence étant leur contamination par des déchets de l’industrie. Dans les régions tropicales, les sols dénudés par la déforestation ou le surpâturage s’érodent. Conséquence : la désertification de régions entières.
Ajoutons au paysage, les dégâts liés à l’élevage: il est à lui seul, à l’origine de près des deux tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine agricole et de 78% des émissions agricoles de méthane.
La possibilité d’une agriculture et d’une alimentation durables
Afin d’endiguer ces phénomènes, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture collabore avec les pays afin d’améliorer la gestion et les conditions d’élevage. Depuis 2010, la FAO porte une attention croissante à l’impact environnemental de la production et de la consommation alimentaires : « Avec une population mondiale qui, selon les estimations, atteindra 9 milliards de personnes en 2050 et compte tenu des ressources des plus en plus limitées et dégradées, il est plus nécessaire que jamais de produire davantage et de manière durable. »
Afin de lutter contre les deux extrêmes que sont le gaspillage et la sous-alimentation, la FAO préconise « un changement en faveur de systèmes et de régimes alimentaires plus durables s’impose pour protéger la santé de l’homme et de l’environnement, et garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle et la biodiversité des ressources naturelles. »
Pour réduire l’impact environnemental des techniques de production et de leur consommation, les pays, les organisations non gouvernementales et caritatives, font des recommandations, éditent des guides alimentaires en faveur d’une alimentation durable.
Ces recommandations alimentaires incitent à consommer davantage d’aliments d’origine végétale, à réduire le gaspillage alimentaire, à consommer uniquement des poissons provenant de stocks durables, ainsi qu’à diminuer la consommation de viandes rouges et de viandes transformées, de produits fortement transformés et de boissons gazeuses sucrées.
Les régimes alimentaires durables sont des régimes alimentaires ayant de faibles conséquences sur l’environnement, contribuant à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’à une vie saine pour les générations actuelles et futures. Les régimes alimentaires durables contribuent à protéger et à respecter la biodiversité et les écosystèmes, sont culturellement acceptables, économiquement équitables et accessibles, abordables, sûrs et sains au plan nutritionnel, et permettent d’optimiser les ressources naturelles et humaines. (FAO, Biodiversité et régimes alimentaires durables, 2010)
Economiquement équitable et abordable
Parmi les intervenants, se sont succédé notamment Claude Fischler (Centre Edgar Morin, Institut d’Anthropologie, EHESS/CNRS), Damien Conaré(Secrétaire général, Chaire UNESCO Alimentation du monde, Montpellier Supagro), qui s’est interrogé sur: « L’alimentation locale, effet médiatique ou stratégie d’avenir ? ».
Parce qu’il y a urgence en la matière, les rencontres et événements tels que la journée organisée ce 8 novembre ou la journée mondiale de l’alimentation oragnisée le 14 octobre dernier, ne sont pas de vaines initiatives, mais autant de prises de conscience au sein des populations.
LC